
Élection de Trump : jusqu’à présent, son impact est une hausse importante de l’incertitude.

Inversement, l’Europe (+10%) et la Chine (+14%) ont été les grands bénéficiaires de ce retournement de tendance. En ce début d’année, la logique de flux a donc fonctionné en sens inverse puisque les investisseurs institutionnels ont semble-t-il redécouvert le Vieux Continent. En effet, le rebond des indices européens a jusqu’à présent été tiré par une augmentation des multiples (de 13,5x à 14,5x), et non pas par des résultats meilleurs qu’attendus au quatrième trimestre. Notre scénario d’un retournement de tendance (surévaluation et surpondération excessive du marché américain par rapport aux autres marchés et aux autres styles de gestion) se matérialise peu à peu, mais le chemin est encore long, tant la surperformance du style croissance et momentum (par rapport au style value) a été extrême depuis l’automne 2023.
Analyse factorielle du S&P 500: sur-performance du facteur momentum par rapport au S&P 500 (en bleu) et sous-performance du S&P 500 équipondéré par rapport au S&P 500 (en rouge)

Face à des Européens souvent incrédules, la nouvelle administration Trump peut au moins être créditée d’avoir annoncé clairement la couleur. Dans un document passé quelque peu inaperçu lors de sa publication, le nouveau conseiller économique de la Maison Blanche détaille précisément les intentions de la nouvelle administration et sa volonté de réformer en profondeur l’architecture monétaire mondiale¹. Dans cette optique, les tarifs sont considérés comme un levier clé pour rééquilibrer leur déficit commercial et renforcer l’industrie américaine face à la concurrence étrangère, notamment la Chine. Cela ne pourra se faire selon lui qu’en corrigeant la surévaluation persistante du dollar, et si besoin est, en liant sécurité nationale et commerce. Les principaux partenaires américains seraient d’une manière ou d’une autre forcés de contribuer au coût de leur protection, quitte à la perdre totalement en cas de désobéissance et/ou à être soumis à des niveaux de tarifs exorbitants. Cela pourrait même aller jusqu’à la participation forcée au rééchelonnement de la dette américaine afin d’éviter une crise de solvabilité à l’Oncle Sam ! Cela permettrait à la fois une baisse des taux longs et une baisse du dollar.
Article écrit par Bertrand Veraghaenne
Une expertise de plus de 25 ans au service des marchés financiers
En 2009, il devient directeur du département d’analyse financière de BNPP-TEB à Istanbul, avant d’intégrer la Banque Privée en 2010 comme Chief Economist de la Banque Transatlantique (CIC-Crédit Mutuel), travaillant entre Bruxelles et Paris. En 2013, il rejoint JPMorgan Private Bank, occupant des postes clés à Londres et Luxembourg en tant qu’Investment Specialist pour les clients UHNWI du Benelux et du Danemark.